Travailleur de l’ombre, discret et efficace, Tanguy Groussin fait partie du staff médical du HLHB aux petits soins des joueurs face au marathon des matchs et au rythme soutenu de la Nationale 1.
Kinésithérapeute du sport et préparateur physique dans un cabinet libéral à Lorient, Tanguy s’adonne régulièrement à sa passion : la course à pied. Que ce soit pour un 8 km pour une Rando Muco ou pour le 85 km de l’Ultra Trail des Monts d’Arrée, il y trouve toujours du plaisir, son objectif numéro 1.
C’est bien pour cela qu’il a décidé de se mesurer à la mythique Diagonale des Fous, organisée par l’association Grand Raid à l’île de La Réunion (du 20 au 23 octobre 2022), course réputée pour être l’une des plus difficiles au monde dans son genre.
Avant de le voir s’envoler vers l’Océan Indien et s’engager sur une distance de 165 km, avec un dénivelé positif d’environ 10 000 mètres et autant en négatif, Tanguy nous a accordé un peu de son temps pour nous parler de cette belle aventure humaine.
Tanguy, quel est la place du sport dans ta vie et que t’apporte-t-il au quotidien ?
Le sport a toujours fait partie de ma vie, dès le plus jeune âge. Je trouve que c’est naturel de bouger et de se dépenser. Cela prend du sens dans une société de plus en plus sédentaire. Le sport véhicule des valeurs : partage, dépassement/confiance en soi, combativité et j’en passe.. C’est utile dans mon épanouissement personnel et bien sûr pour la santé physique et mentale !
Comment arrives-tu à concilier vie perso, vie pro et sport ?
Quand on se lance dans ce genre de projet, il faut dès le départ trouver une organisation pour garder l’équilibre entre la vie perso, la vie pro et sa passion. J’ai la chance d’exercer une profession libérale. Organiser mon planning a été plus facile pour que ma passion ne prenne pas la place sur le temps consacré à la famille et mon travail. Je peux aussi remercier ma compagne, Cynthia, et ma famille d’avoir tout de suite adhéré au projet. J’ai conscience que je pratique un sport égoïste alors j’ai voulu que cette aventure soit aussi une aventure familiale ! Il est important d’être bien entouré.
Le métier que tu exerces est-il pour toi un atout de plus ?
Bien évidemment. Ce métier me permet de connaître les bases de la performance et de la prévention des blessures. J’ai pu moi-même élaborer ma programmation et bien sûr je sais quoi faire dès que des douleurs apparaissent. Et j’ai la chance de ne pas avoir eu de problèmes physiques pendant cette préparation.
Peux-tu nous parler de ta préparation pour cette Diagonale des Fous (physique, mentale, sommeil) ?
Pour préparer la Diagonale des Fous, je réalise 4 à 6 entraînements par semaine en fonction du cycle de la programmation. Une semaine type est composée de 5 entraînements en course à pieds et une séance de préparation physique. Cela représente entre 7 et 9h d’entraînement et entre 60 et 90km hebdomadaire. J’ai intégré 2 blocs d’entraînement incluant des courses en Montagnes dans les Alpes en Juillet et en Août pour me préparer au dénivelé qui m’attend à La Réunion.
Concernant l’aspect mental, je me suis rapproché d’Emmanuel Charmetant (préparateur mental la saison dernière) il y a un an. Il m’a notamment donné comme conseils de ne pas se projeter sur le résultat final, passer la ligne d’arrivée; mais plutôt de découper la course en plusieurs étapes et de garder l’intention sur les sensations positives que l’on ressent dans le moment présent. J’ai appliqué ces conseils lors des entraînements et à chaque course réalisée. C’est devenu automatique maintenant.
Dans la vie de tous les jours, je me couche et me réveille à heure régulière. C’est une hygiène de vie que je me force à respecter pour améliorer la récupération. J’ai appris aussi à faire des micro-siestes de 10-15min car j’en aurai sûrement besoin pendant la course, passant minimum 2 nuits à courir.
Qu’en est-il du matériel et de la diététique ?
Au cours des entraînements et des courses effectuées en montagne, j’ai testé tout le matériel technique (chaussures, veste, gilet, montre, lampe frontale…) et l’alimentation (boisson, gel, barre…). Je pars ainsi serein. Je n’ai pas modifié mon alimentation quotidienne qui était déjà équilibrée. Par contre, j’ai adapté mon alimentation avant, pendant et après chaque entraînement pour optimiser ma récupération.
Quels sont tes objectifs pour cette édition 2022 ?
L’objectif principal est de finir tout en prenant du plaisir. Ce n’est pas tous les ans que l’on part à La Réunion alors je souhaite en profiter au maximum avec toute ma famille et ma belle-famille qui vont me suivre pendant cette course.
Et comme je suis un peu compétiteur, je serais très content et fier de finir la course en moins de 40h.
Quels conseils donnerais-tu à un sportif qui veut se lancer dans une pareille aventure ?
Dans un premier temps, il est important de se demander “pourquoi” on se lance dans un tel projet, qui demande de l’investissement (temporel et financier) afin d’être sûr d’être prêt à se lancer.
Puis, de définir les objectifs et de les classer par ordre d’importance : finir la course, faire un temps, courir avec un proche, etc.
Ensuite doit venir le temps de la planification des entraînements et des courses intermédiaires, en fonction de son niveau et de son objectif. Si on n’a pas les connaissances pour le faire, il ne faut pas hésiter à se rapprocher de professionnels (coach/préparateur physique, club d’athlétisme, kiné ou préparateur mental) qui donneront les outils nécessaires pour atteindre son objectif. Rien ne doit être laissé au hasard !
Allez, pour terminer, donne-nous une devise, une citation, un mot de la fin qui colle bien avec toi !
En rapport avec la course à pied je citerai Eliud Kipchoge. Recordman du monde du Marathon, c’est un athlète qui m’inspire : “Je ne crois pas aux limites. Lorsque l’on se convainc soi-même qu’on est pas capable de quelque chose, on se prive d’éventuels miracles”