Malgré une saison 2019/2020 très particulière, le Hennebont-Lochrist Handball continue de préparer la saison à venir. Dans le contexte de la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, la Fédération Français de Handball (FFHB) a pris la décision d’arrêter définitivement, tous les championnats amateurs pour la saison en cours.
Afin de tendre au mieux vers une équité sportive pour l’ensemble des championnats nationaux, régionaux et départementaux, le Bureau Directeur de la FFHB a décidé qu’il n’y aurait pas d’année blanche et que les classements sont arrêtés à date. C’est donc après quatorze journées de championnat, et une très belle quatrième place, que nos Bleus se sont résignés à ranger leurs tenues pour une durée indéterminée.
Dans ce contexte si particulier et exceptionnel, coach Prioux s’est prêté volontiers à une analyse de la situation actuelle et de la saison écoulée. Parce que c’est aussi et surtout un homme de projets, il s’est déjà penché sur celle à venir et ce, malgré la période économique compliquée que va traverser, entre autres, le monde sportif.
Interview
Pierre
Prioux
Pierre, confinement oblige, comment occupes-tu ton quotidien de sportif de terrain ? Sans entraînement, comment tiens-tu tes joueurs en forme ?
« Effectivement le contexte est particulier, et le confinement ne nous permet pas de séances collectives. La première action qui a été mise en place est un travail physique mis en place par Tanguy, notre préparateur. Suite à ma formation en préparation mentale, je réfléchis à l’apport que pourrait avoir l’imagerie mentale avec des vidéos qui permettrait de maintenir les joueurs en alerte neuronale. Ce travail se ferait sous forme de la maîtrise des enclenchements et des savoir-faire utilisés.
En dehors de cette réflexion, il y a bien évidement le travail de recrutement qui est très lourd entre déceler la pépite, les contacts et le suivi… Il y a bien évidement les réunions avec les dirigeants pour gérer au mieux cette crise, en essayant d’anticiper les impacts économiques pour la saison prochaine. La priorité restant la pérennité du club.»
Crédit photo : Clément Le Calvé – Eyedentity Digital
Quel est ton sentiment par rapport à la décision de la FFHB ? Des deux solutions (année blanche ou pas), laquelle te semblait la plus adaptée ?
« Dès le début du report, nous avons proposer des solutions à la fédération pour la fin du championnat. Suite à cette démarche, nous avons été invité à participer au groupe de travail avec la COC nationale. Tout le monde était unanime pour l’arrêt de la compétition, sans faire une année blanche. Ayant participer aux travaux, je suis solidaire de la décision prise, et nous avons essayer de prendre la solution la moins pénalisante pour les clubs. En sachant qu’une réforme tardive la saison dernière avait mis des clubs en difficulté. En qualité de club, nous avons demandé une lisibilité la plus rapide possible. »
Revenons sur ce très beau parcours de tes protégés. Bien que tronquée, une quatrième place vient récompenser une très belle saison.
Comment analyses-tu dans son ensemble cette troisième saison en Nationale 2 ?
« Il était important d’être tout de suite dans le top 4, qui était l’objectif du club, de façon à mettre en place une dynamique de résultat. Cette dynamique, nous permettait de pouvoir viser toujours plus haut. Si je devais porter une analyse sur le championnat, je découperais ce championnat en deux groupes : de la 1ère à 5ème place et de la 6ème à 12ème. Ce petit championnat de haut de tableau a permis de belles affiches. On n’est pas loin sur les matchs du top 3 à l’extérieur, puisque nous perdons ces matchs dans les 5 dernières minutes.
A l’inverse à domicile, on réussit l’exploit en battant Saint Cyr, et on fait le travail contre Rouen. Si on a été plutôt séduisant contre les têtes d’affiche, le titre où les places d’honneur se jouent souvent contre des équipes qui luttent pour le maintien. Et ce fut le cas, qui plus est à l’extérieur contre Dreux. En plus la dernière journée, quelle frustration !!! Cette 4ème place est importante pour le club, car elle montre que le projet sportif continue d’avancer, et que l’objectif nationale 1 sous 3 ans est un objectif difficile mais atteignable. »
Tout le monde attendait avec impatience les deux têtes d’affiche à Kerlano contre Granville et Pouzauges. Le HLHB n’a pas pu abattre toutes ses cartes.
Penses-tu qu’il y avait de la place pour « passer » et monter définitivement sur le podium ?
« Définitivement sur le podium, je ne sais pas. Même si les affiches promettaient d’être belles, on aurait battu Dreux, on aurait été sur le podium. Se motiver contre les premiers n’est pas compliqué, l’inverse à l’extérieur l’est un peu plus.
Contre Dreux, on subit aussi le manque d’effectif, et la blessure d’Isaac a bouleversé l’organisation offensive et défensive. Au final, sur un match on est capable de battre n’importe qui, mais l’effectif n’était pas taillé pour durer sur la longueur d’un championnat, donc pas de regret. »
Crédit photo : Clément Le Calvé – Eyedentity Digital
Septembre est encore loin et il y a beaucoup d’inconnus dans le contexte actuel. Parce que tu es un compétiteur né, tu t’es déjà projeté sur la rentrée. Peux-tu nous dire à quoi ressemblera ton groupe ?
Ton objectif reste-t-il toujours le même, à savoir la montée en Nationale 1 ?
« La situation est complexe pour plusieurs raisons : impossible de faire des essais de joueur, incertitude économique.
Le meilleur recrutement, c’est déjà de garder ses joueurs. Notre politique de recrutement reste en lien avec la politique du club, valoriser la filière Bretonne, et plus particulièrement Morbihannaise. Il est important dans notre démarche de projet N1 de s’ouvrir au national, mais la limite sera l’incertitude économique pour la saison prochaine. Je le rappelle, la priorité est la pérennité du club.
L’objectif est l’accession en N1 sous 3 ans, il faut attendre la fin des transferts pour voir la compétitivité de notre équipe, et attendre les poules et les adversaires pour analyser le futur championnat. »
La crise sanitaire passée, beaucoup de clubs vont devoir traverser une période compliquée. A ton avis, comment pourrons-nous nous en sortir ? Quels sont les enseignements à en tirer pour l’avenir ?
« Cette période est complexe, car il y a de l’incertitude, et quand vous pilotez un projet, il faut limiter les risques, et maîtriser le plus possible les aléas qui peuvent arriver. Je pense que le premier axe de pérennité d’un club est sa filière de formation, qui permet d’alimenter l’équipe fanion à minima.
Sur le plan économique, il est important, comme c’est fait au basket de réussir à se créer un fond de roulement qui sert de roue de secours en cas de perturbation économique passagère.
Il est important aussi d’avoir une économie mixte qui s’appuie sur un équilibre entre les ressources propres, les partenaires privés, et les partenaires institutionnels. Nous avons la chance d’avoir des dirigeants qui ont conscience de tous ces éléments, le club n’est pas en danger. J’espère que nos partenaires sauront se sortir de cette crise, et que nous pourrons dans quelques mois, voir la vie en bleu.
Je suis d’un tempérament optimiste, et chaque crise doit nous permettre de nous questionner sur nos modèles, il y aura forcément un rebond…. »
Cette longue trêve va bouleverser quelque peu nos habitudes. En conclusion, quel message veux-tu passer au club, aux joueurs petits et grands, au bénévoles, aux supporters et aux partenaires en attendant la prochaine soirée dans notre chaudron de Kerlano ?
« Le message du moment, c’est : RESTEZ CHEZ VOUS !!!
Profitez de vos proches, avant de nous retrouver pour un moment convivial que saura construire le club avant les vacances estivales, et de retrouver un rythme habituel pour la saison 2020-21. »